Natup : Les soft skills s'invitent dans le recrutement des coopératives

Natup : Les soft skills s'invitent dans le recrutement des coopératives

Chez Natup, les soft skills sont prises en compte lors des recrutements. La coopérative, dont les activités concernent la production de céréales, bien sûr, mais aussi les pommes de terre, légumes multigammes et l’élevage ovin ou bovin, en Normandie et en Île-de-France, étudie ces compétences dans les candidatures qui lui parviennent.

«Depuis que les compétences techniques se raréfient, nous utilisons les soft skills, ou alors nous tentons de les repérer dans les candidatures qui nous parviennent, dans une large palette de métiers. Car le plein-emploi règne dans les métiers agricoles, déclare Yann Lapeyronnie, directeur des ressources humaines pour Natup. Il y a très peu de mobilités : les salariés originaires du monde agricole s’avèrent très souvent attachés à la région où ils travaillent. D’autre part, pour les fonctions commerciales, le passage d’une entreprise à une autre est parfois compliqué par les clauses de non-concurrence. » Pour la fonction de responsable de silo, « il n’existe à proprement parler pas de formation spécifique, poursuit Yann Lapeyronnie. Alors les profils sans lien avec le monde agricole se dirigent vers ce type de missions. La coopérative se charge donc de mettre en place les formations pour la montée en compétences des salariés. Plus le marché de l’emploi se tend, plus nous avons affaire à des postulants qui ne proviennent pas du monde agricole ».

Pour mieux positionner les postulants face aux missions proposées par Natup, l’arsenal de recrutement a évolué. « Nous identifions des prérequis, comme l’autonomie, la capacité d’apprentissage, les aptitudes relationnelles, précise Yann Lapeyronnie. Il nous faut désormais des profils capables de se projeter dans le travail collaboratif, dans la capacité à travailler en équipe, en mode projet, voire en transversal. Alors, nous avons adapté nos critères : les soft skills s’intègrent de plus en plus dans les phases de recrutement. »

Un accompagnement pour les recrues

Lors de l’entrée en poste, l’encadrement accompagne ses recrues. « Nous disposons de plusieurs modèles d’intégration, décrit le directeur des ressources humaines. Pour les managers, nous avons un pack de formation, pour développer une culture commune de l’entreprise, quel que soit leur niveau. S’ajoutent des formations à nos techniques proprement dites, ainsi que pour les outils informatiques dont ils disposent pour exécuter leurs missions. »

Un accompagnement particulier est également activé pour les jeunes en apprentissage, « qui est devenu un mode de recrutement à part entière, indique Yann Lapeyronnie, notamment une formation à notre culture d’entreprise spécifique, qui comporte à la fois des techniques et des savoir-être ». Même chose pour les contrats de professionnalisation « sur onze mois, sur la base de contrats de qualification professionnelle (CQP), notamment pour de futurs responsables et agents de silos ».

Quelles sont les soft skills ciblées ? « Pour les définir, la direction des ressources humaines collabore avec les managers. Nous prenons en compte les caractéristiques des métiers, indique Yann Lapeyronnie. Nous recherchons des personnes avec une certaine autonomie, qui vont de l’avant, qui se prennent en main, prêtes à prendre des responsabilités, mais qui vont consulter leur hiérarchie face à un problème. Il faut que nous puissions nous appuyer sur des attitudes précises, sinon la personne risque de se trouver en difficulté dans sa mission. »

Les ressources humaines de Natup travaillent aussi sur la typologie de l’équipe : « Nous allons chercher des savoir-être qui nous permettent de compléter l’équipe en place sur une mission, avec des tests de personnalité, complète-t-il. Puis, les managers, éveillés à l’intérêt des soft skills, interrogeront les candidats sur l’exercice de ces compétences. » Car les soft skills se manifestent de plus en plus dans les candidatures. « Les CV contiennent désormais des mentions sur l’autonomie, la rigueur, le travail en équipe, témoigne le DRH. J’ai en mémoire celui d’un franco-canadien qui ne comportait que les soft skills développées lors de ses expériences, pour mettre en évidence un projet global plutôt que l’entreprise et ses missions. »

— Frédéric RENAUD (Tribune Verte 2990)