- Grandes cultures

Maïsadour produit du coton made in Landes

Maïsadour produit du coton made in Landes

Depuis 2021, le groupe coopératif landais Maïsadour s’est lancé dans un projet de culture de coton. Son objectif : développer sur le long terme une filière coton française, de la matière première au textile. Après une première récolte manuelle en septembre 2022, l’équipe recherche et innovation espère renouveler l’évènement en 2023.

Créer une filière de coton locale et à l’échelle du territoire : c’est l’ambition de Maïsadour. Encore au stade expérimental, le projet est dirigé depuis 2021 par Fabien Skiba, directeur de la recherche et de l’innovation, et Laetitia Domange, directrice du développement pour le pôle agricole du groupe. À terme, si les résultats agronomiques sont satisfaisants, une filière landaise avec les acteurs du textile pourrait voir le jour. Maïsadour a rencontré les industriels français de la filière et ils lui ont fait part de leur attente quant à une fibre textile à base de coton made in France. Aujourd’hui, cette culture est pratiquée dans des pays au climat très éloigné du nôtre : en Grèce, aux États- Unis, en Inde, en Turquie ou en Afrique du Nord. Afin de trouver la variété de coton non OGM qui s’adapte le mieux au territoire des Landes, le groupe coopératif a fait appel à sa filiale MAS Seeds.

Les premiers cotons cueillis à la main

À 30 km de Mont-de-Marsan, les premiers cotons ont été semés en 2021 sur une parcelle d’un demi-hectare, chez une agricultrice coopératrice. Dû à un semis tardif en 2021, le premier cycle de production expérimental n’a pas abouti à la récolte. Il a fallu attendre la deuxième année, en septembre 2022, pour cueillir à la main les premiers cotons des Landes. « Nous ne sommes pas encore au stade de la récolte mécanisée », sourit Laetitia Domange.

L’été 2022, qualifié de « très chaud et sec » par Fabien Skiba, n’a pas empêché de faire une bonne récolte. Dans l’attente des prochains résultats, prévus en 2023, l’équipe tente de prouver que l’on peut produire et récolter du coton dans les Landes, indépendamment des variations climatiques. Encore au stade expérimental, ils n’ont pas souhaité dévoiler le rendement réalisé. En premier lieu, elle souhaite définir l’itinéraire cultural qui s’adapte le mieux au profil pédoclimatique de la région. Dans un second temps, il s’agira d’étudier la matière extraite – la fibre textile – et son utilisation au niveau industriel.

Relocaliser les usines de textile

Le groupe coopératif s’est déjà rapproché d’un fabricant de textile local, le Tissage Moutet, pour former un partenariat. Le fabricant de linge de maison basque souhaite en effet valoriser un coton d’origine française. Afin d’utiliser la fibre de façon industrielle, il est nécessaire de bien connaître la matière première.

L’école nationale d’ingénieurs de Tarbes, spécialisée dans les fibres textiles, apporte ses compétences à Maïsadour. Toutefois, une filière coton française ne se fera pas sans relocaliser les usines de textile « déplacées en Europe de l’Est et en Chine », rappelle Laetitia Domange. Pour valoriser entièrement le produit en France, il faudrait donc réinvestir dans des usines de filature locales afin d’alimenter les usines existante de tissage et de confection. D’après Laetitia Domange, les machines textiles coûtent très cher et demandent une formation pour être utilisée. De fait, il faut créer des emplois qui n’existent pas ou peu en France dans la filière textile. Pour Maïsadour, il sera également nécessaire de recruter un technicien spécialisé en coton pour le suivi des cultures chez les agriculteurs. À travers ce projet, le groupe coopératif souhaite proposer des cultures de diversification à ses adhérents. Laetitia Domange reste réaliste : « Nous n’avons pas pour ambition de remplacer le maïs par le coton. » La directrice du développement ajoute aussi : « Nous ne sommes pas les seuls à essayer la culture de coton en France. » Le besoin de développer une filière coton française se fait donc ressentir, mais nécessitera d’impliquer tous les acteurs du textile.

— Amélie DI BELLA (Tribune Verte 2013)