Laboratoire Vectoeur : Préserver la pureté oranoleptique des produits
Le laboratoire bourguignon Vectoeur est une entreprise spécialisée dans l’analyse et dans le diagnostic des thématiques liées aux perturbateurs organoleptiques du vin.
«Vectoeur exerce trois activités : analyse, diagnostic et mise en oeuvre de solutions vis-à-vis des perturbateurs organoleptiques », explique Grégoire Faulin, directeur de l’entreprise. Née en 2004, la société Vectoeur, implantée à Savigny-lès-Beaune en Côte-d’Or, emploie sept collaborateurs. Elle a connu une forte croissance ces dernières années, son chiffre d’affaires est en effet passé de 530 000 euros, il y a sept ans, à plus de 1,1 million d’euros aujourd’hui. Elle fait partie d’un groupe, réunissant les sociétés Vectoeur et Embag – spécialisée dans le packaging et le conditionnement du vin (bouchons, capsules, cartons, caisses bois…) – qui compte au total 46 salariés. «
Notre raison d’être : préserver la pureté organoleptique des produits et donc leur singularité », affirme Grégoire Faulin. À titre d’exemple, le plus connu des perturbateurs organoleptiques dans le vin est le TCA (2,4,6-trichloroanisole), le fameux moisi-bouchon, dont le seuil de perception est extrêmement bas. Toutefois, son apparition n’est pas spontanée, il existe souvent des signes avant-coureurs qui se caractérisent sur le vin par « un écrêtage aromatique, de l’asséchance et de l’amertume ». Cette perception est généralement liée à la présence de composés de type halophénol dans l’environnement du produit. Il s’ensuit donc une série de réactions au cours du temps allant d’un simple désagrément récurrent jusqu’au défaut avéré. Il convient dès lors d’investiguer en amont, à la façon d’une enquête policière, sur les processus d’élaboration du produit et sur l’environnement dans lequel il évolue. L’objectif est de déterminer la ou les origines des perturbateurs organoleptiques pour apporter les solutions appropriées. Parmi ces dernières, le vernis barrière recommandé par le laboratoire qui, une fois appliqué, permet de rendre
le matériau inerte et empêche toute émission de perturbateurs organoleptiques.
Accréditation Cofrac
Le laboratoire Vectoeur rassemble pour son activité de multiples compétences complémentaires : techniciens de laboratoire, ingénieurs, docteurs, spécialistes dans les domaines du vin, de la chimie, etc. Il dispose également d’un parc machine moderne qui lui permet d’aller traquer les perturbateurs organoleptiques dans le monde de l’infiniment petit, seuil auquel ils s’expriment. « Nos instruments de mesure permettent de détecter et de quantifier des composés sous l’échelle du nanogramme par litre, explique-t-il, soit l’équivalent d’une goutte dans une piscine olympique. » Le laboratoire met en oeuvre des protocoles qui lui permettent d’étudier tout type de matrices : les matériaux tels que de la paille pour l’isolation thermique d’un chai, l’eau de réseau, les bouchons en liège, le bois de tonnellerie, et même l’air intérieur où se propagent les perturbateurs organoleptiques. Lorsqu’un nouveau sujet singulier lui est soumis, le laboratoire peut avoir recours à un appareil particulier qui permet de faire une cartographie, un fractionnement des arômes du produit, notamment par le biais d’un couplage à un olfactomètre. « L’élaborateur du produit, s’il le souhaite, se retrouve au coeur du dispositif expérimental, où il sent l’apport aromatique de chaque molécule issue de son savoir-faire », précise-t-il. Par exemple, un tonnelier peut sentir chaque composante aromatique de la chauffe qu’il aura appliquée à un fût.
En parallèle, le laboratoire se soumet périodiquement à des audits volontaires du Cofrac (Comité français d’accréditation) pour démontrer sa compétence à réaliser des essais, en d’autres termes des analyses, selon la norme internationale Iso 17025. « Être accrédité par le Cofrac est pour nous un outil d’amélioration continue qui nous fait réfléchir sur notre façon de faire, c’est un gage de qualité », nous explique-t-il. Le laboratoire, au départ axé sur la recherche et le développement, s’est orienté davantage vers les services, depuis 2016. « Actuellement, nous exerçons nos activités à plus de 80 % dans le domaine du vin, mais nous commençons à travailler également pour d’autres secteurs. Nous pouvons en effet appliquer notre expertise dans l’analyse des matériaux de construction des bâtiments vinicoles au secteur de la construction de bâtiments non agricoles. Il y existe un fort potentiel de développement, nous commençons à avoir de la demande pour les écoles par exemple », estime-t-il. En attendant d’autres développements : « Le vin est un cas à part dans le secteur agroalimentaire, c’est son goût, ses arômes qui font sa valeur. Actuellement, ce n’est pas le cas pour la majorité des produits issus de l’agroalimentaire ( fruits, légumes, produits transformés…), le champ des possibilités est donc très vaste. »
—— Emmanuelle THOMAS (Tribune Verte 2925)
UN MANAGEMENT COLLECTIF POUR IMPLIQUER LES SALARIÉS
En 2016, le gel massif du vignoble bourguignon, couplé au départ d’un des trois associés a amené le groupe Embag, dont fait partie Vectoeur, à s’interroger sur ses orientations et à construire un management participatif.
« Écoute, bienveillance et efficience, résume Grégoire Faulin, c’est ce qui nous guide. » Afin de construire ce référentiel, Éric Bornert, l’un des dirigeants, s’est notamment inspiré de la musique classique. L’exemple du chef d’orchestre Seiji Ozawa, enseignant aux solistes à jouer en quatuor, est en tout point remarquable. Apprendre à écouter les autres, à jouer ensemble et à s’accompagner afin de trouver l’harmonie et l’accord.
Ainsi, le comité directeur a donné le cap et les objectifs de l’entreprise. Les règles du jeu sont connues dès le départ, le rôle de chacun est clair. Afin de parvenir aux résultats escomptés, les moyens nécessaires sont mis en oeuvre. Le bien-être est un aspect important dans l’entreprise : « Le bien-être, pas le confort, précise Grégoire Faulin. Le confort est signe de dépôt de bilan alors que “bien être ensemble” est un facteur essentiel au développement personnel et à celui de l’entreprise. » Au quotidien, c’est aussi un état d’esprit nouveau : « Nous ne parlons plus de problématique mais de thématique, nous évitons les expressions “c’est compliqué” ou “ça va le faire”, tout doit être mesuré, réfléchi et organisé. »
Les résultats sont là : depuis la mise en place de ce nouveau système de management, le taux d’absentéisme est de 0,21 %, le chiffre d’affaires du groupe est passé de 13,5 millions d’euros en 2015 à 15 millions en 2018. L’entreprise s’est également engagée dans une démarche RSE. « Réflexion sur les achats responsables, sur la limitation des déplacements professionnels, sur la gestion des déchets… Par exemple, nous avons développé une mallette de prélèvements pour que nos clients éloignés puissent récolter eux-mêmes leurs échantillons sans envoyer un technicien spécialisé. Au niveau sociétal, l’entreprise offre plusieurs jours par an et/ou une adaptation du temps de travail si nécessaire aux salariés impliqués dans la vie associative ou de la cité », précise Grégoire Faulin.