Formations Les productions animales attirent toujours

Formations Les productions animales attirent toujours

Si le profil des apprenants a évolué ces dernières années, les formations en élevage, du bac pro au niveau ingénieur, trouvent toujours leur public. Les profils évoluent, mais les formations aussi, pour répondre aux nouveaux enjeux sociétaux.

Si certains secteurs de la production animale peinent à recruter des salariés, les formations en élevage trouvent toujours leur public, même si celui-ci a évolué ces dernières années. « Nous n’avons pas à nous plaindre. Cette année, le BTS compte 32 étudiants, confirme Anne-Laure Coudour, responsable du BTS productions animales au lycée Étienne Gautier Ressins, dans la Loire. Au lycée agricole Les Vaseix, à Limoges, Catherine Demesy, proviseure adjointe, observe « une évolution marquée dans les profils ces dernières années : du bac pro au BTS, nous avons beaucoup plus de jeunes femmes. Le public est nouveau, mais beaucoup ne sont pas là par hasard. Les élèves sont issus, pour la plupart, de familles rurales. Notre particularité est que nous sommes situés en bordure de ville. Nous accueillons des jeunes qui aiment les animaux, mais qui ne sont pas forcément attirés par l’élevage. Beaucoup voudraient être soigneurs animaliers. Certains se découvrent une vocation pour l’élevage, mais ce n’est pas la majorité ». Le constat est similaire à l’Isara de Lyon. « La formation attirait une vingtaine d’étudiants à ses débuts. Aujourd’hui, nous avons toujours entre 20 et 40 étudiants chaque année, dont deux tiers à trois quarts de jeunes femmes, et jamais plus de 15 % de fils ou de filles d’agriculteurs. Les jeunes découvrent la filière élevage à travers leurs stages de première et de deuxième années. Ceux qui intègrent la filière ne le font jamais par défaut. Ils souhaitent travailler au contact des éleveurs et des animaux », indique Thierry Joly, enseignant chercheur à l’Isara de Lyon.

« De manière générale, nous n’avons pas de réelles difficultés à recruter des apprenants dans les productions animales. L’enseignement agricole bénéficie d’une bonne image. Les effectifs, au niveau national, sont assez stables. Dans les formations de niveau BTS, on a même vu une augmentation de 15 % des effectifs ces dernières années. On dénombre plus de 1 600 jeunes en BTS productions animales cette année », assure Gilles Tatin. Pour le délégué régional ingénierie de formation de la Draaf Centre-Val de Loire, les effectifs se maintiennent au prix d’une communication forte. « Nous avons besoin de déployer plus d’énergie qu’il y a quelques années pour attirer les jeunes », reconnaît Gilles Tatin. Les formations en élevage attirent, mais elles ne font pas toujours le plein. Au lycée agricole de Vaseix, le BTS productions animales compte, cette année, 28 apprenants pour 32 places. Pour Magali Cubizolle, coordinatrice de la formation, « c’est en partie un effet Parcoursup ».

Des cursus qui évoluent avec les nouveaux enjeux

Le ministère de l’Agriculture suit de près les évolutions de métiers. « Les référentiels professionnels évoluent. Donc, logiquement, les référentiels de formation aussi. Toutefois, la durée peut paraître longue : il faut six mois pour préparer un référentiel professionnel, puis encore six mois pour construire le référentiel de formation, quand tout va bien », explique Gilles Tatin. Les formations prennent aujourd’hui en compte les nouveaux enjeux, notamment l’agroécologie et le bien-être animal. « Nous les amenons à réfléchir à ces nouveaux enjeux sociétaux », souligne Magali Cubizolle. « La réforme du bac pro est entrée en vigueur en juin 2019. Les ressources naturelles sont au coeur des nouvelles formations, poursuit Mme Hurel,
enseignante au lycée agricole Les Vaseix, et coordinatrice des formations bac pro durant plusieurs années. Nous sommes situés dans un secteur très orienté élevage. 80 à 90 % de la surface agricole utile sont en herbe. Les jeunes sont naturellement sensibles à leur environnement. »

À l’Isara de Lyon, Thierry Joly a construit la spécialisation en productions animales à la fin des années 1990, en lien avec l’École nationale vétérinaire de Lyon. La formation est centrée sur l’élevage, sur l’environnement, sur la santé et sur le bienêtre animal. « C’est multidisciplinaire. Les étudiants veulent avoir une vision globale de la production : on y parle reproduction, génétique, santé et bien-être animal, mais aussi environnement. Ces dernières années, les enjeux environnementaux émergent dans leur motivation, avant la performance technique. Nous n’évoquons pas uniquement l’élevage bio, mais aussi les modes d’élevage alternatifs. Nous les incitons à contribuer à l’évolution, et non pas à la révolution, de l’élevage », indique Thierry Joly. L’accès au marché du travail n’est pas un problème pour les jeunes sortant de formation en productions animales. « Nous enregistrons plus de 90 % de réussite au diplôme dans les filières agricoles, et un taux d’insertion professionnelle supérieur à 90 %. En travaillant avec la profession pour concevoir les formations, on dispense de vraies compétences », souligne Gilles Tatin.

Un bon taux d’intégration au sortir des formations

« Les jeunes ne peinent pas à trouver du travail, confirme Magali Cubizolle. On reçoit régulièrement des offres d’emploi. Le taux d’intégration à la sortie de formation est assez élevé. Nous avons aussi de plus en plus de jeunes, notamment post-BTS, qui s’orientent vers des poursuites d’études longues. Avant, ils optaient pour une poursuite d’études courte, une licence ou une licence professionnelle. Certains intègrent le BTS productions animales dans l’objectif d’accéder ensuite aux écoles d’ingénieurs ou aux formations vétérinaires. Ce n’est pas aberrant, d’autant que les écoles vétérinaires semblent de plus en plus ouvertes à cette voie d’intégration de leurs formations. Mais ça a du sens uniquement pour les meilleurs. » Enfin, en filière ingénieur, les élèves trouvent rapidement des débouchés.

—— Hélène GRARE (Tribune Verte 2921)

Élevage :UNE IMAGE À FAIRE ÉVOLUER

« Prenez un élevage charolais et un parc zoologique. Vous n’aurez pas de mal à recruter sur des postes de soigneurs animaliers, contrairement à des postes de salariés agricoles. Les soigneurs animaliers ont le même niveau de salaire que les salariés agricoles, mais une fois qu’ils sont en poste, ils le gardent, car l’image est plus valorisante. Pourtant, les métiers de salarié en élevage et de soigneur animalier ont de grandes similitudes : prendre soin des animaux, leur distribuer l’alimentation, veiller à leur bien-être, à ce que leur lieu de vie soit propre… Cependant, l’employé d’élevage est moins valorisé par rapport au soigneur animalier. Il faut faire évoluer l’image de l’élevage. Tous les acteurs de la filière s’emploient à faire des efforts de communication, et les choses bougent aujourd’hui. Des initiatives se mettent en place », confie Gilles Tatin, délégué régional ingénierie de formation de la Draaf Centre-Val de Loire. En 2017, la Confédération nationale de l’élevage, qui regroupe les organisations professionnelles syndicales, techniques et coopératives de l’élevage de ruminants lait et viande, a lancé le site www.devenir-éleveur.com, qui se veut être une banque de ressources sur le métier d’éleveur. Internet et les réseaux sociaux sont une voie que l’interprofession laitière a également choisi d’explorer pour toucher les plus jeunes. Le Cniel a conçu, en 2019, une Websérie autour des différents métiers de la filière laitière, avec un ton dynamique qui s’adapte au langage des jeunes. Interbev, l’interprofession bétail et viande, organise tous les ans, au mois de mai, les rencontres Made In Viande qui permettent au grand public de découvrir l’ensemble des maillons de la filière élevage.