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Feve cultive l’agroécologie grâce à l'épargne citoyenne
Feve oeuvre activement pour la transition agroécologique en facilitant l’installation d’agriculteurs grâce à l’épargne citoyenne. À travers son modèle innovant, Feve a déjà accompagné une trentaine de porteurs de projets en trois ans d’existence.
Contribuer à la transition agroécologique en facilitant l’installation d’agriculteurs grâce à l’épargne citoyenne : voilà toute l’ambition de Feve, pour Fermes en vie. En trois ans d’existence, l’entreprise a déjà accompagné une trentaine de porteurs de projets. « Dans un premier temps, nous identifions des exploitations amenées à être cédées, explique Simon Bestel, l’un des cofondateurs. Nous privilégions les fermes, d’une cinquantaine d’hectares minimum, qui peuvent accueillir plusieurs activités complémentaires. Nous lançons dans un second temps un appel à projet pour trouver un repreneur. Tel un entretien de recrutement, nous vérifions ses compétences et son aptitude à gérer une exploitation avant d’affiner le projet, et notamment sa capacité à financer l’achat de matériel ou de cheptel, puisque nous ne finançons que les terres et le bâti. » Lorsque toutes les conditions sont réunies, Feve procède à l’acquisition de la ferme et signe, avec le repreneur, un bail à clauses environnementales, ce dernier devant s’engager à travers une charte agroécologique à suivre le cahier des charges de l’agriculture biologique et à travailler au minimum le sol. Un audit est réalisé chaque année pour s’assurer que la charte est bien suivie. Le cas échéant, l’entreprise se donne la possibilité d’y mettre fin. L’agriculteur qui s’installe paye chaque année à Feve un loyer, dont le montant est fixé selon les critères départementaux des baux ruraux, mais bénéficie d’une option d’achat qu’il peut déclencher à tout moment.
Une foncière reconnue d’utilité sociale
Pour financier l’achat des fermes, Feve mise sur l’épargne citoyenne à travers une foncière dénommée « le grenier » accessible en ligne. Les particuliers peuvent investir à partir de 500 euros. « Chaque année, le prix des actions est revalorisé selon l’évolution des loyers touchés auprès des agriculteurs, soit entre 1 et 2 % ; et celle du prix des terres et des bâtiments, soit environ 3 % », précise Simon Bestel.
Feve étant reconnu comme entreprise de l’économie sociale et solidaire et bénéficiant de l’agrément entreprise solidaire d’utilité sociale, l’investisseur peut également bénéficier d’une réduction d’impôts sur le revenu de 25 % à condition de détenir ses parts durant sept ans. « Cela permet d’atteindre un rendement autour de 7 %, ajoute le cofondateur de Feve. Mais nous ne versons pas de dividendes annuels. La plus-value peut être récupérée à la revente des parts. » À ce jour, la foncière a déjà collecté quelque 15 millions d’euros. L’entreprise créée à Bordeaux s’est dans un premier temps développée sur une grande partie ouest du pays, mais prévoit de couvrir, à court terme, tout le territoire national, voire d’autres pays européens confrontés aux mêmes problématiques d’installation. Feve ambitionne d’atteindre les 200 installations par an. « Sur les 20 000 cessions annuelles, cela peut sembler une goutte d’eau, mais nous sommes persuadés que nous pourrons avoir un impact significatif sur l’agriculture vers l’agroécologie », explique Simon Bestel. Ce dernier, ingénieur diplôme d’AgroParisTech, explique que c’est cet aspect qui a motivé la création de Feve : « Avec mon ancien collègue de promotion Marc Batty, nous avions envie de donner du sens à nos carrières. Nous avons été rejoints par Vincent Kraus, polytechnicien, qui partageait les mêmes envies. »
Depuis, l’équipe s’est étoffée et compte une vingtaine de salariés couvrant un large panel de compétences : des ingénieurs agro en charge du suivi des futurs installés jusqu’à l’acquisition des fermes, des profils plus généralistes type écoles de commerce ou Sciences Po pour le sourcing des exploitations, la qualification des porteurs de projets sous un angle RH et la gestion de la foncière, des ingénieurs informatiques spécialisés en digital pour la création des plateformes en ligne, sans oublier des spécialistes de la communication chargés d’augmenter la notoriété et la visibilité de l’entreprise.
— Aude BRESSOLIER (Tribune Verte 3040)