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Entreprise à mission : Transmission et installation en agroécologie : le double défi d’Eloi
Faire se rencontrer agriculteurs cédants et potentiels porteurs de projet en misant sur l’agroécologie : telle est la mission d’Eloi. Fondée en 2019, l’entreprise a déjà accompagné quinze projets de transmission-installation. Elle espère finaliser 80 autres projets d’ici fin 2024.
L’enjeu du renouvellement des générations agricoles est énorme. D’ici dix ans, 200 000 exploitations devront trouver un repreneur. Pourtant, chaque année, entre 16 000 et 17 000 candidats à l’installation se présenteraient au Point accueil installation (PAI). « Les deux cofondateurs d’Eloi sont partis de ce constat : est-ce qu’il ne s’agirait pas d’un problème de rencontre entre les fermes à céder et les candidats à l’installation ? » présente Luna Vital-Durand, chargée de partenariats à Eloi.
L’entreprise à mission, fondée en 2019, accompagne les agriculteurs dans leur transmission ainsi que les candidats dans leur installation et la mise en place de pratiques durables. « Notre objectif est d’amener les fermes vers une amélioration des pratiques, explique Luna Vital-Durand. Si l’exploitation est en bio, nous trouverons un porteur de projet qui poursuivra l’activité en bio. Si elle ne l’est pas, nous faisons signer une charte agroécologique au futur repreneur, qui s’engage à améliorer les pratiques (rotation des cultures, non-labour, couverts végétaux, etc.). Nous avons vocation à accompagner le plus d’exploitations possible. » Pour ce faire, Eloi peut compter sur son équipe de 19 coordinateurs transmission-installation, les interlocuteurs privilégiés des cédants et des repreneurs. Du diagnostic de l’exploitation à céder jusqu’à l’installation, ils accompagnent les deux parties à chaque étape. Issus de formation agricole ou eux-mêmes d’anciens agriculteurs, les coordinateurs travaillent sur le terrain. Ils couvrent une bonne diagonale du territoire de la pointe bretonne à la région Auvergne-Rhône-Alpes.
3 000 éventuels porteurs de projet
Lorsqu’Eloi démarche un agriculteur ou, plus rarement, que celui-ci se présente pour céder sa ferme, les coordinateurs commencent par une visite de l’exploitation pour réaliser un diagnostic de transmission et d’adaptation. Totalement gratuit, le diagnostic comprend une estimation du prix, des pistes de transmission et le profil des potentiels candidats à l’installation. À noter qu’Eloi accompagne aussi les Gaec en recherche d’un nouvel associé pour remplacer un départ à la retraite. Une fois cette première visite effectuée et avec le feu vert de l’agriculteur, Eloi entame la suite du processus, à commencer par la prise de photos et vidéos de la ferme, des bâtiments agricoles et de la maison d’habitation. Ces clichés accompagneront l’annonce publiée sur le site Internet de l’entreprise. « À l’image d’une recherche de logement, la plateforme Eloi permet de recenser toutes les annonces en fonction de l’activité, du prix et du département », illustre Luna Vital-Durand. Près de 3 000 éventuels porteurs de projets inscrits sur le site reçoivent les annonces.
Les candidatures ne mettent pas bien longtemps à arriver : en deux semaines à peine, une annonce peut recevoir une quinzaine de profils ! Les coordinateurs réalisent alors une présélection d’environ trois à cinq candidats, sur la base de certains critères tels qu’être issu d’une formation agricole ou avoir un apport financier d’au moins 10 % du prix de reprise de l’exploitation. Ces premiers échanges gérés par Eloi mènent à une rencontre en personne entre les cédants et les candidats, accompagnés du coordinateur. Les repreneurs désignés sont ensuite accompagnés dans le montage du dossier d’installation. Il faut compter entre neuf et quinze mois entre la mise en ligne d’une annonce et l’installation officielle du porteur de projet.
Au total, Eloi a mené une quinzaine de projets d’installation à bien depuis 2019. 150 sont en cours et l’entreprise espère en finaliser 80 d’ici fin 2024. Une fois les repreneurs installés, l’entreprise agit comme un tiers de confiance et les met en relation avec différents partenaires spécialisés en formation, agrivoltaïsme, conseil vétérinaire, etc. « Notre objectif est d’outiller le mieux possible les repreneurs pour pérenniser leur installation et les aider à faire cette transition agroécologique », appuie Luna Vital-Durand.
— Amélie DI BELLA (Tribune Verte 3045)