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Enquête : Quelles sont les attentes professionnelles des jeunes ingénieurs agri-agro ?

Enquête : Quelles sont les attentes professionnelles des jeunes ingénieurs agri-agro ?

C’est la question à laquelle répondent les cabinets de recrutement Synovivo et Manageria, avec la Junior entreprise de l’Esa Angers, qui ont réalisé une enquête auprès de plus de 600 étudiants ingénieurs agri-agro. L’objectif : décrypter leurs attentes pour leur avenir professionnel et présenter ces résultats aux entreprises du secteur afin de faire face aux enjeux de recrutement.

«Avec la pyramide des âges, de nombreux départs en retraite sont attendus dans les entreprises agricoles et agroalimentaires, et dans le même temps, on note de moins en moins de candidats sur les postes clés de ces entreprises », soulève Cécile Boulaire, dirigeante de Manageria. En collaboration avec la Junior entreprise de l’Esa Angers, les cabinets de recrutement Synovivo et Manageria ont réalisé une étude afin de mieux appréhender l’évolution et les attentes des jeunes diplômés de la filière agricole et agroalimentaire.

« Nous avions réalisé une première étude auprès des étudiants ingénieurs agri-agro en 2020-2021, qui nous a apporté de nombreux enseignements, indique Cécile Boulaire. C’est pour cette raison que nous avons voulu reproduire l’exercice pour 2023-2024. » Avec plus de 600 réponses collectées auprès des étudiants de toutes les écoles d’ingénieurs spécialisées en agriculture et agroalimentaire, l’enquête révèle notamment leurs principales aspirations professionnelles.

« Nous avons remarqué de fortes attentes concernant l’organisation du travail, indique Cécile Boulaire. Par exemple, 43 % des répondants veulent travailler sur site, sans mentionner le télétravail, et 75 % disent vouloir concilier une présence sur le terrain et des fonctions en bureau. » D’autre part, les cinq principales attentes des jeunes sur leur futur métier sont les suivantes : avoir un impact positif sur leur environnement (45 %), sur la société (36 %), une rémunération intéressante, un équilibre vie pro-perso et enfin développer leurs compétences. « Sur l’enquête de 2020-2021, les mêmes attentes étaient ressorties. Toutefois, la rémunération arrivait en quatrième position. Le discours sur l’inflation a  certainement joué sur les craintes des jeunes quant au niveau de vie », interprète Cécile Boulaire.

76 % des étudiants ont une image positive de la filière

Les étudiants ont aussi indiqué les familles de métiers vers lesquelles ils souhaitaient s’orienter : la R & D se trouve en première position (47 %), suivie par le conseil et les services (38 %), l’ingénierie (32 %) et enfin la production (25 %). Le résultat pour le conseil et les services inquiète particulièrement la dirigeante de Manageria, qui indique que « les  entreprises recrutent à des postes d’encadrement intermédiaires sur le terrain, mais il y a peu de candidats sur ces postes en sortie d’études ingénieurs ».

Au-delà de leurs aspirations professionnelles, l’enquête souhaitait également sonder les atouts de la filière agri-agro perçus par les étudiants. « Lorsque 70 % des répondants en 2020 avaient une mauvaise image des entreprises agriagro, cette nouvelle étude révèle que 76 % d’entre eux ont une image positive de la filière », soulève la dirigeante. Pour la filière agroalimentaire, 90 % des étudiants estiment qu’il y a une belle perspective de carrière au sein des entreprises du secteur, tandis que 72 % des étudiants pensent la même chose pour la filière agricole.

La rémunération perçue comme insuffisante

Enfin, les étudiants ont été interrogés sur les axes d’amélioration à apporter dans la filière. « 54 % des étudiants estiment que la rémunération est insuffisante dans la filière, alors qu’en 2020, celle-ci s’étaitre trouvée en deuxième position des principaux atouts de la filière, appuie Cécile Boulaire. Depuis 2020, les étudiants ont pris conscience qu’il y a un vrai sujet sur la rémunération dans le secteur. » Les autres axes d’amélioration cités par les répondants étaient la transparence, la communication sur le secteur, l’image des entreprises et, en dernière position, la qualité de vie au travail.

Au-delà de dégager des grandes tendances d’orientation des jeunes ingénieurs, « l’objectif de cette enquête était d’avoir des éléments tangibles pour convaincre les entreprises agri-agro de se connecter au monde étudiant, notamment avec les ingénieurs, pour faire face aux enjeux de recrutement ». De plus, Cécile Boulaire alerte les entreprises : « Les jeunes ingénieurs sont amenés à occuper des fonctions managériales plutôt que des postes opérationnels, alors que les entreprises ont besoin de ces profils bien formés sur les sciences du vivant. Or ces talents risquent d’être aspirés par les acteurs du conseil et des services ou par des industries plus rémunératrices. »

— Amélie DI BELLA (Tribune Verte 3045)