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Écurie des Monceaux : Une filière de passion internationale : l’élevage de chevaux de course
Depuis la reprise de l’élevage en 2006, Henri Bozo, directeur de l’écurie des Monceaux, vise à rester compétitif sur une scène internationale très concurrentielle. Le haras élève 80 poulinières et vend chaque année entre 70 et 75 yearlings destinés à être chevaux de course.
Située en plein coeur du Calvados, l’écurie des Monceaux s’étale sur 300 hectares de prairies réparties dans plusieurs communes du département. « Le domaine a été fondé en 1924 par un américain passionné de chevaux de course et de la Normandie, qui a transformé la ferme en élevage », raconte Henri Bozo, directeur de l’écurie des Monceaux. Rapidement, l’élevage connaît son âge d’or dans toute l’Europe, notamment grâce aux beaux résultats de courses de ses élèves, les chevaux nés dans l’écurie. Le domaine perd ensuite progressivement sa renommée, jusqu’à ce qu’Henri Bozo reprenne l’élevage en 2006 afin de le relancer.
Alimentation à l’herbe et au foin
« Notre métier est d’élever des chevaux de course jusqu’à l’âge de 18 mois, l’âge de leur vente aux enchères, explique le directeur. Ces jeunes chevaux, appelés “yearlings”, quittent le cycle d’élevage pour rentrer dans un cycle de débourrage et de course. Nous vendons uniquement des chevaux élevés chez nous et nous les présentons exclusivement aux ventes Arqana de Deauville. » Les chevaux de l’écurie des Monceaux sont mis en vente deux fois par an, en août et en octobre. Chaque éleveur fixe un prix de vente de départ en fonction de la stratégie qu’il souhaite adopter. En général, les enchères commencent autour de quelques dizaines de milliers d’euros. Constitué de chevaux pur-sang anglais, le haras élève 80 poulinières, qui donnent entre 70 et 75 foals (poulains) par an. Les juments et leurs petits sont élevés le plus possible en prairies, « où nous portons beaucoup d’attention à l’entretien et aux analyses d’herbe, précise Henri Bozo. Nos poulains sont nourris principalement d’herbe et de foin, mais également d’avoine noire pleine et d’un aliment fait sur mesure par un fabricant pour compenser les éventuels manques ». Chaque année en septembre, l’élevage normand réfléchit aux croisements qu’il veut réaliser pour la saison suivante. Du 15 février au 15 juillet, la reproduction se fait par monte naturelle entre des juments achetées à l’international et des étalons appartenant à des propriétaires. Les poulains nés de ces unions sont ensuite sevrés progressivement dans les prairies jusqu’à l’âge de cinq mois et demi. Lorsqu’ils atteignent l’âge d’être vendus aux enchères, les yearlings sont habitués pendant deux mois à marcher en longe, et les acheteurs intéressés peuvent venir les voir au haras.
Ceux-ci sont de toutes nationalités, éleveurs ou particuliers passionnés. « Pour certaines personnes, il s’agit d’un loisir dans lequel ils investissent, explique Henri Bozo. Le cheval représente un patrimoine génétique et immobilier lorsqu’il se trouve dans un haras. » D’après le directeur de l’écurie, cette filière fait vivre de nombreuses professions : entraîneurs, lads-jockey, vétérinaires, maréchaux-ferrants, laboratoires, fabricants d’aliments, etc. Au sein d’une écurie comme celle des Monceaux, il y a notamment des postes de palefreniers soigneurs répartis en deux équipes techniques : l’équipe des juments et l’équipe des yearlings.
Seize chevaux gagnants de groupe 1
Dans cette filière de passion très développée à l’international, la France doit constamment se montrer compétitive. « Le France connaît un bon dynamisme en élevage avec une amélioration génétique, mais elle est encore derrière le Japon ou l’Angleterre », appuie Henri Bozo. Le critère de succès des poulains vendus « repose sur leur résultat aux courses, poursuit-il. Depuis 2010, notre écurie a élevé seize chevaux gagnants de groupe 1 ; une belle performance, puisque ce sont les meilleures courses au monde. Parmi eux, nous avons élevé Sottsass, qui a gagné le prix de l’Arc de Triomphe en 2020, et son petit frère, vendu au Japon, tente de suivre ses traces ! »
— Amélie DI BELLA (Tribune Verte 3046)