Coops et négoces s'intéressent aux data scientist et data manager

Coops et négoces s'intéressent aux data scientist et data manager

Centraliser et organiser la data : voilà un objectif clairement affiché par la distribution agricole. À la clé, de meilleures performances. De fait, les profils de data scientist et data manager deviennent très recherchés. Mais le recrutement de ce type de profils s’organise et s’anticipe.

«Face à l’accélération du monde digital, la data est devenue le trésor des entreprises, évoque Dorothée Boschat, consultante spécialisée innovation, machinisme et data pour MG Consultants. Jusqu’alors laissé à une gestion individuelle, ce trésor nécessite aujourd’hui d’être centralisé, organisé, afin d’améliorer sa collecte, son stockage et son exploitation. » Ces profils sont des data scientist et data manager. Rappelons qu’un data scientist ou data analyst va prendre des données dans les systèmes informatiques, en faire des extraits et les analyser. Quant au data manager, il crée et met en place une architecture de circulation de la donnée.

Est-il facile de recruter des data scientist et data manager ? « Le recrutement de ces profils entre directement en concurrence avec l’ensemble des acteurs du monde agricole, comme les coopératives et les négoces, mais aussi des autres secteurs comme les banques, les hôpitaux et les industries pharmaceutiques, détaille la consultante. Les data scientist sont donc des denrées rares. » Elle a recruté dernièrement deux data manager, l’un pour une start-up, l’autre pour une fédération nationale. Quels sont ses conseils pour attirer des profils de data manager et de data scientist dans les coopératives et les négoces ?

Dorothée Boschat en livre quatre.

  • Définir une stratégie data Avant de rencontrer son futur data manager ou data scientist, le dirigeant devra se poser certaines questions : Quels objectifs lui donner ? À quoi cela va-t-il servir ? Quel chantier sera prioritaire ? Quels seront les ambassadeurs en interne ? Sont-ils prêts au changement ? « Ensuite, il faudra lui donner envie de venir en parlant d’un projet, de contacts et du long terme », souligne Dorothée Boschat. Sans oublier la quête de sens : « Depuis la sortie de la période «Covid- 19», les candidats ont besoin d’être utiles et de donner du sens à leur métier », rappelle-t-elle.
  • Prévoir un budget Depuis une ou deux années, il y a une surenchère des rémunérations des data scientist et data manager. « Avec deux à trois ans d’expérience, la rémunération d’un data manager se situe entre 65 000 et 70 000 € brut, stipule Dorothée Boschat. Elle peut monter jusqu’à 100 000 € avec davantage d’expérience. En ce qui concerne un data scientist, il faut compter entre 50 000 et 70 000 €, avec un maximum à 80 000 €. » C’est donc un budget à prévoir avant l’embauche.
  • Être réactif Le recrutement pour ces deux profils est long. Mais les dirigeants se doivent d’être réactifs quand une opportunité s’offre à eux. « Dans le monde du high-tech, les data manager, sans forcément rechercher un nouveau poste, sont contactés plus de deux fois par jour, évoque Dorothée Boschat. En tant que cabinet de recrutement, nous nous devons de recontacter la personne sous 24 ou 48 heures. Parfois, certains dirigeants veulent voir 4 à 5 candidats avant de prendre leur décision. Sur ces profils, il faut aller très vite. »
  • Embaucher hors du monde agricole Les dirigeants des coopératives et des négoces doivent accepter d’embaucher des data scientist et data manager qui ne sont pas issus du milieu agricole. Ils ont les compétences pour créer une architecture. « La personne qui a travaillé dans un autre secteur a acquis des méthodes, des process, des réflexes de méthodologies qui peuvent être transférés à la coopérative ou au négoce », précise Dorothée Boschat. Le monde agricole part de zéro : le data manager va pouvoir créer sa propre architecture et être en lien étroit avec la stratégie du dirigeant. Cela amène un côté stratégique. En plus, « la data qui a une résonance pour les agriculteurs et pour les consommateurs donne du sens pour le nouvel embauché », ajoute Dorothée Boschat.

— Stéphanie BOT (Tribune Verte 3007)