Coopératives agricoles et agroalimentaires : Aristée, pour des dirigeants mieux formés

Coopératives agricoles et agroalimentaires : Aristée, pour des dirigeants mieux formés

À la tête des coopératives, les cadres dirigeants sont aussi en recherche de formation, pour évoluer ou acquérir de nouvelles compétences. La formation Aristée, dispensée à l’Essec, leur est proposée depuis les années 2000 par Dirca, et fait le plein à chaque session.

Évolution des normes, management moins paternaliste, bonne gestion de la gouvernance, montée en compétences sur de nouveaux domaines (communication, digital, etc.). Autant de notions qui ont poussé Dirca, le syndicat des dirigeants de coopératives (voir encadré) à proposer la formation Aristée dans les années 2000. « L’idée était de construire un cycle de formation pour les cadres de coopératives, afin de les accompagner à relever les défis auxquels ils sont confrontés en matière de management, de stratégie d’entreprise ou de gouvernance », rappelle Julie Demay, déléguée générale Dirca.

Montée en partenariat avec La Coopération agricole (Ex-Coop de France) et dispensée au sein de l’Essec (école supérieure de commerce basée à Cergy – Val-d’Oise), Aristée se déroule sur deux ans, et se compose de 14 modules de trois jours. « Nous en sommes à la 9e promotion, avec à chaque fois entre 15 et 20 personnes, souvent des DG ou des directeurs de services au sein de coop, hommes et femmes, souvent entre 35 et 55 ans. Les candidats sont sélectionnés sur dossier et entretien, précise-t-elle. Un des intérêts de cette formation, c’est de pouvoir réunir des responsables de coopératives de domaines variés – céréales, élevage, vin, agroalimentaire, etc.–, et pouvoir profiter de l’expérience de chacun. Nous avons aussi des demandes de formations pour les dirigeants qui viennent de prendre un poste en coopérative, alors qu’ils ouvraient précédemment dans d’autres domaines et qu’ils ont besoin de comprendre les spécificités notamment juridiques mais aussi stratégiques des coopératives. Aristée répond parfaitement à ce besoin. »

Cours à l’Essec

Les jeudis, vendredis et samedis matins, les participants se rendent dans les locaux de l’Essec dans l’Ouest parisien, pour suivre les conférences dispensées par des professeurs de l’Essec, ou des intervenants extérieurs. En 2020, Covid-19 oblige, beaucoup de cours ont eu lieu en visio, tout comme les soutenances. « Il y avait une certaine frustration, car les sessions à distances ne favorisent pas les échanges et les liens entre les personnes », reconnaît
Julie Demay.

Finance, communication, management, gouvernance, marketing, RH… Autant de sujets abordés lors des conférences. « Il existe aussi une formation proposée par La Coopération agricole, intitulée Agromanageurs, et qui aborde ces mêmes thèmes, mais de façon moins poussée, plutôt destinée aux chefs de service des coopératives », détaille la déléguée générale.

Mené parallèlement aux cours magistraux, le projet stratégique se déroule de la fin du premier trimestre jusqu’à l’issue de la formation. Des sujets sont proposés par les élèves propres à leurs coopératives, et des groupes de 3 ou 4 se forment autour des projets sélectionnés. Quelques exemples de sujets travaillés : digitalisation face aux défis réglementaires et sociétaux ; optimisation de la chaîne logistique céréalière, de la production au débouché final ; adaptation de l’offre d’une coopérative viticole face au désintérêt des jeunes pour le vin.

Esprit de promo

Durant plus d’une année, ces sous-groupes vont travailler sur la problématique, dans un esprit d’entraide fort, afin d’apporter un ensemble de recommandations concrètes et opérationnelles à l’entreprise pour un changement stratégique pertinent et significatif. Une soutenance en fin de parcours permet de valider la formation par le diplôme de directeur/directrice exécutif/ exécutive.

Pour Julie Demay, au-delà de l’intérêt technique de la formation Aristée, un des principaux bénéfices réside dans la création d’un véritable réseau : « Il naît un vrai esprit de promo au sein d’Aristée. L’entraide se développe durant les deux années de formation, et persiste ensuite entre les membres. Le fait de mélanger les filières et les profils permet aussi à chacun de se nourrir des autres et de profiter des expériences nouvelles. »

—— Olivier LÉVÊQUE (Tribune Verte 2957)

Dirca : LE SYNDICAT DES CADRES DIRIGEANTS DES COOPÉRATIVES AGRICOLES

Né en 1947 pour accompagner les responsables des coopératives, notamment autour de leurs contrats de travail et les délégations de pouvoirs entre élus et cadres dirigeants propres aux coopératives, Dirca est un syndicat professionnel qui compte aujourd’hui 530 adhérents, au sein de 15 sections régionales. Petites ou grosses structures, spécialisées dans les céréales, la viande, les légumes ou encore le vin : toutes les coopératives sont les bienvenues chez Dirca. « Par exemple, nous comptons beaucoup de dirigeants de petites coopératives viticoles du sud de la France parmi nos adhérents, mais aussi de très gros groupes coopératifs non spécialisés », précise Julie Demay, la déléguée générale. Soutien juridique, animation de réseau, appui à la formation, accompagnement de carrière : autant de missions proposées par Dirca aux adhérents. Si le mouvement est resté assez discret ces dernières années, il souhaite aujourd’hui gagner en dynamisme et attractivité, pour toucher de nouveaux adhérents et leur apporter davantage de services

Claude Bizieux, DG adjoint, coopérative CAMN « UN PARCOURS TRÈS FORMATEUR POUR LES DIRIGEANTS »

Entre 2017 et 2018, Claude Bizieux, à l’époque directeur appro de sa coopérative CAMN basée à Rezé (Loire-Atlantique), a suivi la formation Aristée (Essec – La Coopération agricole – Dirca). « Après une formation initiale d’ingénieur puis un MBA avec le Cnam en 2003, je voulais continuer de me former. Mon directeur, qui avait lui-même suivi la formation Aristée il y a 15 ans, me l’a recommandée pour une évolution de poste au sein de notre coopérative », explique celui qui est devenu depuis DG adjoint. Devant se rendre sur Paris une fois par mois pour suivre les modules de formation les jeudis, vendredis et samedis matin, Claude Bizieux souligne que « cette formation en temps partagé demande du temps et de l’énergie en plus du quotidien. C’est un projet professionnel et familial très prenant durant 18 mois, mais très formateur. Le jeu en vaut la chandelle ! » Parmi tous les cours thématiques très intéressants (management stratégique, gouvernance coopérative, finance, gestion, marketing, etc.) avec des « intervenants professionnels de grande qualité », il a particulièrement apprécié les enseignements sur l’animation et la motivation des hommes, le leadership, la data stratégie, la communication et les nouveaux outils digitaux. « J’avais déjà suivi entre autres un MOOC de La Coopération agricole sur les réseaux sociaux professionnels. La bonne gestion des outils de communication est actuellement primordiale avec toutes nos parties prenantes dans l’exercice de notre métier », insiste-t-il.

En fin de cycle, un projet stratégique est travaillé en groupe. « Notre groupe a étudié les relais de croissance et le nouveau modèle économique pour une coopérative du Sud-Ouest, en lien avec la réduction des produits phyto, précise Claude Bizieux. Au-delà des apprentissages théoriques, vous créez des liens forts avec des membres de votre promo, aux domaines de compétence variés et différents horizons. Il y a un vrai esprit de solidarité, de coopération, qui fonctionne encore une fois le diplôme en poche, ce qui est très enrichissant ! »

MINI-CV DE JULIE DEMAY

  • 1996 : diplômée ingénieur agronome, Paris Grignon (AgroParisTech)
  • 1997-2016 : évolution au sein de la coopérative des producteurs de viande Copvial (Alsace) : ingénieure d’étude en environnement, responsable qualité, directeur qualité et communication, et directrice technique et directeur industriel.
  • 2016-2018 : directeur industriel et production Saprimex (Bouches-du-Rhône), usine agroalimentaire
  • Depuis 2018 : déléguée générale Dirca.