Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire : Le mentorat existe aussi en agriculture

Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire : Le mentorat existe aussi en agriculture

La chambre d’agriculture de Saône-et-Loire (CA71) a lancé un dispositif innovant de mentorat, en partenariat avec le  réseau Mentorat France et la mutuelle Mutualia. L’objectif est de mettre en relation un agriculteur et un chef d’entreprise d’un autre secteur que l’agriculture. Véritable aventure humaine, le mentorat mise sur le partage d’expériences.

La chambre d’agriculture de Saône-et-Loire (CA71) a mis en place un dispositif innovant de mentorat à destination des exploitants agricoles, en partenariat avec le réseau Mentorat France et la mutuelle Mutualia. En quoi consiste le mentorat ? L’objectif est de mettre en relation un agriculteur et un chef d’entreprise d’un autre secteur que l’agriculture. Il s’adresse à des agriculteurs en questionnement dans la gestion de leur entreprise. « Il ne s’agit pas d’exploitants en difficulté, mais plutôt d’agriculteurs en réflexion, ayant envie d’être accompagnés sur des thématiques comme la diversification, la transmission, l’envie de se développer à l’export, la gestion des salariés, etc. Le mentorat vise à leur apporter des éléments de réponse par le partage d’expériences. C’est un échange sur le pilotage d’entreprise », précise David Barthe, directeur de la CA 71. C’est aussi une aventure humaine. Le fonctionnement est assez simple : « L’agriculteur nous contacte pour nous faire part de son souhait de s’engager dans le dispositif. Il nous précise un peu ses besoins et ses types de questionnement : gestion des salariés, diversification, transmission, etc. Et nous, nous regardons dans notre répertoire quel mentor pourrait correspondre. Les deux personnes se rencontrent et si ça colle entre eux, le programme est lancé, le binôme est constitué », explique-t-il.

Les deux parties prenantes – l’agriculteur et le mentor – s’engagent à se voir au moins une fois par mois. « C’est la seule obligation. La teneur des échanges est confidentielle », rappelle-t-il.

Un mentor n’est ni un coach ni un tuteur. « Il est là uniquement pour échanger, partager ses propres expériences, apporter un regard extérieur, mais c’est toujours l’exploitant agricole qui prend ses décisions », précise-t-il.

Un partage d’expérience

Le mentorat est un accompagnement au long cours : la durée moyenne est de 18 à 24 mois. Le mentor donne de son temps bénévolement. « Il y a d’ailleurs une interdiction pour le mentor d’investir, même plusieurs années après la fin du mentorat, dans la structure qu’il accompagne, de façon à bien garantir l’indépendance du mentoré », rassure David Barthe.

Le dispositif, mis en place en 2017, a commencé en 2018. Il bénéficie d’un financement par le conseil départemental de Saône-et-Loire et concerne chaque année une dizaine d’exploitants agricoles, toutes filières confondues : viticulteur, éleveur, céréalier, etc. Les mentors viennent quant à eux de différents secteurs hors agriculture, comme l’artisanat, le BTP, les services, etc. « Mettre en relation deux agriculteurs, même de filières différentes, n’aurait pas eu le même intérêt : ils auraient de toute façon fini par parler d’agriculture. Le but est justement d’avoir un regard extérieur, de décloisonner le milieu agricole. Les échanges ont lieu d’égal à égal, entre deux chefs d’entreprise. Ils sont simplement de secteurs différents, mais ont souvent des problématiques communes, d’où l’intérêt des échanges d’expérience. » Les retours sur cette expérimentation de mentorat sont positifs. Les binômes constitués sont très variés : éleveur de chèvre-patron de BTP avec 100 salariés, par exemple.

Ce système original de mentorat est actuellement le seul déployé en France dans le domaine agricole. Les retours sont bons et les discussions sont en cours pour étendre ce dispositif à d’autres départements.

Emmanuelle THOMAS (Tribune Verte 2993)