Brigitte Diez, déléguée régionale à l’APECITA PACA-Corse «Évaluer les soft skills en restant sur les faits»

Brigitte Diez, déléguée régionale à l’APECITA PACA-Corse «Évaluer les soft skills en restant sur les faits»

Les recruteurs prêtent de plus en plus attention aux soft skills sans en avoir réellement conscience. L’APECITA propose des mises en situation pour évaluer, chez les candidats, ces compétences comportementales.

Observez-vous un intérêt grandissant des recruteurs pour les soft skills ?
Brigitte Diez : Les entreprises ont tendance à davantage se positionner sur les soft skills depuis 2019-2020, mais sans en avoir vraiment conscience. Elles demandent, par exemple, des personnes autonomes, qui savent déléguer, s’organiser… Pour rappel, les soft skills sont les compétences comportementales. À l’inverse des traits de personnalité, elles peuvent se travailler, même si cela reste compliqué. Il en existe de différents types : le leadership, la résistance au stress, la sociabilité… Certaines soft skills vont être plus recherchées par les employeurs, comme la créativité, la capacité à résoudre des problèmes complexes… Ils cherchent aussi des candidats qui vont avoir une certaine stature, vont savoir se positionner ou défendre leur point de vue.

Peut-on détecter les soft skills dans les CV envoyés par les candidats ?
B. D. : En partie, oui, mais les soft skills sont principalement évaluées en entretien dans le cadre, par exemple, de mises en situation. Face à une problématique concrète ou une situation de conflit, on demande au candidat ce qu’il ferait. Cela permet d’évaluer sa capacité à résoudre une problématique, à communiquer et/ou à gérer son stress. Dans tous les cas, il faut veiller à rester sur des faits, à ne pas interpréter ou imaginer.

Lorsqu’il y a de gros doutes ou si l’entreprise veut des informations plus factuelles, il est possible de s’aider de tests. Mais ils n’arrivent qu’en complément et pas en décision initiale ! Ces tests peuvent aussi servir à adapter la phase d’intégration selon le profil recruté.

Avez-vous d’autres conseils à donner aux entreprises en matière de soft skills ?
B. D. : Les entreprises doivent clarifier les profils qu’elles recherchent en identifiant les compétences nécessaires, dont les soft skills. Souvent, dans les annonces, il manque des informations sur le poste, les missions, les liens hiérarchiques… Le niveau de précision est pourtant primordial pour que le candidat puisse se projeter. Eux aussi rencontrent des difficultés à bien identifier leurs compétences et, de surcroît, leurs soft skills. Nous les sensibilisons donc systématiquement sur ce sujet dans le cadre de préparations à l’embauche. Les nouvelles générations mettent souvent en avant leur diplôme, leur école, mais il faut prendre conscience du fait que les métiers qui seront proposés dans dix ans n’existent pas encore. Ils vont donc devoir également s’adapter, évoluer et faire preuve de cette fameuse « agilité » dont on entend de plus en plus parler ! Certaines soft skills représentent donc des atouts pour répondre à ces enjeux.

Enfin, il faut garder en tête que lorsque l’on recrute sur la base de soft skills, souvent, on recrute un profil moins technique. La phase d’intégration peut donc être un peu plus longue et chronophage, mais c’est un moyen de sécuriser un recrutement, sous réserve que l’entreprise arrive par ailleurs à fidéliser son nouveau salarié.

— Propos recueillis par Caroline EVEN (Tribune Verte 3000)