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Bordeaux Sciences Agro : les exploitations viticoles évoluent, la formation aussi
L’école d’ingénieurs agronomes bordelaise propose une formation unique en France, alliant technique et management, pour les futurs dirigeants de domaines viticoles. Ouverte aux jeunes diplômés, salariés viticoles ou futurs repreneurs d’un domaine, le mastère spécialisé « Manager dirigeant de domaines viticoles » propose de se mettre en situation réelle à travers quatre audits en complément des apports théoriques.
«La moitié des dirigeants d’exploitations viticoles ont plus de 50 ans et la moitié d’entre eux ne possèdent pas de repreneurs », chiffre Hélène Samie, responsable pédagogique à Bordeaux Sciences Agro (BSA). Dans ce contexte, l’école d’ingénieur a souhaité faire évoluer son mastère spécialisé Manager dirigeant de domaines viticoles, qui existe depuis 1989. Ainsi, BSA propose d’accentuer les compétences managériales de son mastère tout en gardant l’apprentissage technique. « Nous voulons permettre aux futurs managers d’avoir une vision globale des entreprises viticoles et d’être capables de définir une stratégie, qu’elle soit technique ou commerciale, prenant en compte les nouveaux enjeux agroécologiques et en mettant un accent fort sur la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) », indique Hélène Samie.
Avec une vingtaine d’étudiants par promotion, âgés de 25 à 50 ans, ce parcours unique en France, est accessible du niveau Bac + 2 au Bac + 5, avec quelques années d’expérience professionnelle pour les moins diplômés. Le mastère spécialisé de BSA cible trois profils en particulier : les futurs repreneurs d’exploitation (familiale ou non), les salariés souhaitant évoluer vers des postes de dirigeant et les jeunes en poursuite d’étude avec un projet d’installation à court ou moyen terme.
Se mettre dans une posture de dirigeant
Mettre les étudiants en situation réelle et professionnelle, voilà l’objectif pédagogique du mastère spécialisé, énoncé par Hélène Samie. En effet, pour mettre en pratique les connaissances acquises autour des quatre blocs de compétences, les apprenants réaliseront quatre audits au sein de trois domaines viticoles différents. « Ainsi, les stagiaires se mettront dans une posture de futur dirigeant en se posant les questions d’investissement, de stratégie, d’organisation de travail, de rentabilité, etc., appuie Hélène Samie. L’idée est de les rendre opérationnels dès la sortie du cursus. »
Une première expertise, qui sera restituée au viticulteur, se concentre sur l’aspect rentabilité ainsi que les performances commerciales et marketing de l’exploitation auditée. Ensuite, les apprenants effectueront un diagnostic sur les dimensions RH et financières d’un autre domaine viticole, avec un focus durabilité et RSE. Enfin, deux derniers audits seront réalisés sur une même entreprise : un diagnostic technique de la propriété suivi d’un business plan pour évaluer la viabilité du projet stratégique de l’exploitation, avec une dimension RSE. De fait, outre le développement des compétences managériales classiques, Bordeaux Sciences Agro souhaite faire valoir un management responsable en accentuant la dimension RSE dans son programme pédagogique. Désormais, les apprenants seront formés à différents enjeux, tels que le changement climatique, les facteurs environnementaux et agroécologiques ou encore la diversité des situations individuelles (handicap, difficultés sociales, etc.) dans la stratégie managériale de l’exploitation.
Un taux d’insertion professionnelle à 92 %
La formation peut être suivie sous trois modalités différentes, qui s’adaptent aux besoins des apprenants. « On s’aperçoit que tout le monde ne vient pas chercher la même chose dans le mastère spécialisé : certains viennent chercher le diplôme tandis que d’autres cherchent à valider des compétences à travers le suivi d’un ou plusieurs blocs de la formation, conduisant à l’obtention d’un ou plusieurs certificats de compétences professionnelles », illustre Hélène Samie. Ainsi, l’obtention du diplôme peut se réaliser en un an au format temps plein ou en deux ans au format en alternance. Enfin, un format personnalisé existe pour les personnes voulant suivre la formation à leur rythme, en validant un bloc de compétences à la fois. La validation de l’ensemble des blocs, complétée d’un stage en entreprise et de la validation d’une thèse professionnelle, permet d’obtenir le diplôme. À l’issue de la formation, le taux d’insertion professionnel atteint les 92 %. De nombreux débouchés s’offrent aux diplômés au sein de PME, ETI et grandes entreprises parmi lesquels directeur général ou gérant d’exploitation viticole, de coopérative ou de société de négoce, cadre de direction d’entreprises vitivinicoles ou conseiller d’entreprise vitivinicole. À court terme, Bordeaux Sciences Agro souhaite élargir ce mastère aux apprenants désireux de se spécialiser dans les spiritueux et plus particulièrement les eaux-de-vie de vin : deux parcours seront proposés dès septembre : un parcours vin et un parcours spiritueux.
— Amélie DI BELLA (Tribune verte 3037)