Biomede : Au chevet des sols pollués
Jeune start-up lyonnaise, Biomede utilise les capacités qu’ont certaines plantes pour dépolluer les sols, en particulier les parcelles agricoles.
Lorsque les sols sont pollués par des métaux (cuivre, plomb, chrome, aluminium…), leur potentiel de production agricole est réduit, voire anéanti. Pour dépolluer un sol, le plus souvent, des procédés physico-chimiques sont utilisés. Mais, depuis deux ans, la start-up Biomede, basée à Lyon, propose une autre approche : la dépollution par les plantes. À l’origine de l’entreprise, Ludovic Vincent, ingénieur agronome et diplômé d’une école de commerce, et Patricia Gifu, docteure-ingénieure en biosciences et spécialisée en oncologie. Tous deux ont l’idée d’exploiter une caractéristique biologique de certaines plantes : l’hyper-accumulation de métaux.
Un diagnostic, puis un traitement
Si cette bio-accumulation est bien connue grâce à la recherche scientifique, Biomede est la première entreprise au monde à proposer cette extraction par les plantes de métaux lourds des sols agricoles. Pour ce faire, tel un médecin des sols, Biomede pose d’abord un diagnostic : « Nous disposons d’un appareil à rayons X capable de détecter rapidement une trentaine d’éléments polluants, et de cartographier leur présence », présente Ludovic Vincent, CEO de Biomede. Ensuite, en fonction de la nature des sols et des éléments présents, la start-up propose une méthodologie de remédiation grâce à un mélange de plantes à semer. Le nombre de cycles de semis/récoltes sera fonction de chaque situation. L’agriculteur est pleinement acteur de cette phytoremédiation puisqu’il participe au diagnostic et qu’il est chargé du semis ainsi que de la récolte. Cependant, il peut être accompagné par Biomede afin de repérer les plantes « bio-indicatrices », caractéristiques de certains types de sol ou de certaines pollutions. Un autodiagnostic à l’aide de ces plantes peut d’ailleurs être fait gratuitement sur le site de Biomede (www.biomede.fr).
La plupart des interventions ont concerné des parcelles agricoles avec du cuivre en excès (issu de la bouillie bordelaise) et ont permis que les terres concernées continuent à être cultivées (vignes), ou qu’elles soient remises en cultures (céréales ou maraîchage sur d’anciennes vignes). Biomede se tourne également vers l’agriculture urbaine, susceptible d’utiliser des terres contenant des métaux lourds.
La R & D constitue évidemment le coeur battant de l’entreprise, et Biomede cherche à améliorer sa collection de plantes hyper-accumulatrices. Dans cette sélection, elle a la chance d’avoir accès à la collection botanique de l’herbier de l’université de Lyon1. Une autre voie de recherche est d’aller plus loin dans la logique de réduction de l’impact environnemental de l’opération, en ajoutant à l’extraction des métaux, leur réutilisation, si possible sur place. Un projet est en cours avec l’Institut français de la vigne pour examiner si le cuivre extrait par les plantes accumulatrices peut à nouveau être utilisé afin de les protéger des maladies cryptogamiques.
—— Catherine PERROT (Tribune Verte 2949)
(1) Il s’agit du deuxième plus grand herbier universitaire du monde après celui d’Harvard.
Recherche : DES RECRUTEMENTS À VENIR :
L’aventure a commencé à deux personnes en 2018, et l’équipe de Biomede en compte aujourd’hui huit. Les commerciaux, technico-commerciaux, botanistes ou chimistes des végétaux sont particulièrement recherchés par la start-up. Cette dernière accueille également des stagiaires dans les domaines du commerce et de la R & D.