Bienvenue à la ferme : le confinement et le boom des drives fermiers
Suite au confinement, les drives fermiers ont connu un véritable succès, mais aujourd’hui, le bilan est plus mitigé... Toutefois, le prix du panier moyen reste en augmentation. Faut-il y voir le signe que les consommateurs ont apprécié ce retour aux produits de la ferme ?
Depuis une dizaine d’années, le réseau Bienvenue à la ferme développe ses drives fermiers. Grâce à ce système, le consommateur, peut commander – directement sur Internet – ses produits de la ferme, les payer et prendre rendez-vous pour récupérer sa commande dans l’un des points de retrait disponibles. Le jour J, les fruits et les légumes de saison ainsi que la viande, le fromage, le vin, le miel et les confitures sont mis directement dans son coffre par l’un des producteurs adhérents au drive. Et pendant le confinement, cette formule a particulièrement séduit de nouveaux consommateurs. Avant cette période, le nombre de drives fermiers était plutôt stable à l’échelle nationale. Mais suite à la pandémie, la tendance s’est concrétisée. Avant la crise, le réseau possédait 85 points de retrait pour 1 600 commandes hebdomadaires. Pendant le confinement, face à l’afflux de demandes, 18 nouveaux points de retrait ont été créés. Par ailleurs, plus de 6 000 commandes étaient passées chaque semaine. Aujourd’hui, le nombre de points de retrait est toujours le même, mais le total des commandes est, lui, redescendu à 1 550 par semaine.
Le prix du panier moyen reste plus élevé
Après le confinement, l’activité des drives fermiers a connu un tassement, particulièrement au moment de l’été. Cependant, la valeur du panier moyen est restée supérieure de 5 à 8 € par rapport à celle constatée avant la crise sanitaire. La demande est venue à la fois des consommateurs, des agriculteurs, mais également des collectivités locales. « Les gens ont découvert qu’ils avaient des voisins et ils ont répondu présents aux différentes initiatives proposées, observe Jean-Marie Lenfant, président délégué du réseau Bienvenue à la Ferme. En revanche, nous avons vu la limite de nos outils et des produits de la ferme, car quand il n’y en a plus, il n’y en a plus. » Aussi, dans certaines régions, des agriculteurs ont décidé de s’adapter pour assurer toutes les commandes. « En Mayenne, une jeune agricultrice qui élève des poulets vient de me dire qu’elle est en train de faire construire de nouveaux poulaillers pour répondre à la demande qui, chez elle, est toujours très présente », illustre Jean-Marie Lenfant.
Répondre à cet engouement pour les circuits courts, le réseau Bienvenue à la ferme y travaillait déjà depuis quelques années. En effet, il avait décidé de réorienter son action derrière les slogans « Mangez fermier, vivez fermier » afin d’offrir de la visibilité à la marque par les consommateurs. Aujourd’hui, le réseau dispose d’environ 103 drives fermiers. « Nous avons commencé les drives il y a une dizaine d’années avec le premier point à Bordeaux, raconte Jean-Marie Lenfant. Aujourd’hui, je pense que pour assurer une certaine stabilité des revenus, il faut segmenter ses produits, ses marchés et ses clients, ce que le drive assure en partie. » Lancement de nouveaux magasins Pour lui, les drives ne sont pas le seul avenir pour vendre les produits en circuits courts. Il faut toujours avoir à l’esprit la segmentation des marchés. Dans ce sens, Bienvenue à la ferme lance son réseau de magasins sous enseignes, en affiliation, de 120 à 350 m2, au coeur des bassins de consommation. Les objectifs sont d’apporter davantage de plus-value aux agriculteurs en leur offrant plus de débouchés en circuits courts, et d’offrir aux consommateurs la possibilité d’accéder plus facilement aux circuits courts en leur proposant une gamme complète et variées de produits sous un même toit. « À date, deux magasins pilotes sont ouverts, un en Normandie et un en Bretagne, et affichent de très bons chiffres d’affaires, explique Jean-Marie Lenfant. À terme, nous avons prévu d’adosser des drives aux magasins, quand cela sera opportun. »
—— Claire LAMY-GRANDIDIER (Tribune Verte 2048)