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Protéines végétales : Une entreprise berrichonne cultive des "graines d'avenir"

Protéines végétales : Une entreprise berrichonne cultive des "graines d'avenir"

La société Berry Graines, accompagnée par un collectif d’agriculteurs de la région berrichonne, cultive 1 200 ha de protéines végétales pour l’alimentation humaine, commercialisées en B to B et B to C. Fondée en 2017, Berry Graines et ses 55 agriculteurs partenaires proposent aux consommateurs des « graines d’avenir », comme aiment à le définir ses deux gérants.

Au cours d’un Erasmus en Slovénie, Marion Breteau et son conjoint Damien Sneessens découvrent des graines peu cultivées en France : le quinoa, l’amarante, le millet… Ces protéines végétales conquièrent rapidement le couple. Ils décident alors de tester 5 ha de quinoa sur la ferme familiale de Damien Sneessens, à Nérondes dans le Cher ; ferme qu’il a reprise en 2014. « On souhaitait diversifier les cultures en misant sur des graines d’avenir, raconte Marion Breteau. Elles sont résistantes aux aléas climatiques et nécessitent peu d’azote, de produits phyto, et pas d’irrigation. »

Après deux ans d’essais sur le quinoa et la rencontre de prospects, ils créent l’entreprise Berry Graines en 2017 et commencent à commercialiser dès 2018. Ces premiers contrats clients les poussent à augmenter leur surface de production. Ils font d’abord appel à huit agriculteurs autour de chez eux, dans le Berry. Aujourd’hui, la SAS Berry Graines compte 55 agriculteurs régionaux partenaires - dont la ferme familiale fait partie - pour une surface totale de 1 200 ha, toutes cultures confondues. Le quinoa, majoritaire à 60 % sur les volumes, représente la culture phare de l’entreprise. Mais le couple a rapidement allongé les rotations pour miser sur plusieurs graines : petit épeautre, lentille corail, lentille verte, amarante, pois cassés, lin brun ou encore graine de chia. Chez certains agriculteurs, les surfaces  dédiées à l’entreprise peuvent monter jusqu’à 30 %. Et 40 % de la SAU de la ferme familiale est destinée aux cultures pour Berry Graines.

Un contrat partenarial d’un à trois ans

« On ne sème que ce que l’on est capable de vendre », insiste la cofondatrice. Berry Graines commercialise surtout ses produits au dernier metteur en marché, juste avant le consommateur final. En effet, 75 % de la production se destine au B to B : ce sont généralement des industriels qui préparent des mélanges en sachets, des transformateurs ou la restauration collective. Les 25 % restants sont commercialisés en sac ou en sachets pour des magasins de producteurs, primeurs ou épiceries fines. « Notre objectif : développer les surfaces de toutes ces graines qui constituent une très bonne alternative aux protéines animales et qui ont un impact réduit sur l’environnement », appuie Marion Breteau.

Parmi la cinquantaine d’agriculteurs partenaires, qui signent un contrat d’un à trois ans, vingt sont certifiés agriculture biologique et vingt-huit Haute valeur environnementale (HVE). Ces labels font partie du cahier des charges de Berry Graines depuis 2020 : « Cela donne un cadre au niveau des pratiques agricoles », précise Marion Breteau. De plus, l’entreprise exige des prérequis aux agriculteurs, notamment en matière d’équipement, pour maintenir un certain niveau de qualité. Berry Graines exige entre autres le refroidissement et une « propreté impeccable » des grains.

En effet, Berry Graines demande aux producteurs, déjà équipés de silos, de stocker les graines chez eux avant de les envoyer pour le tri et le nettoyage dans l’entreprise. Dans le souci de maîtriser la qualité de la post-récolte à la commercialisation, la société a investi 2 millions d’euros dans l’équipement nécessaire au stockage, nettoyage, tri – avec une chaîne complète – et conditionnement des graines en sacs et sachets.

Berry Graines peut compter sur ses onze salariés pour mener à bien ces missions. « La majorité de nos métiers sont de type industriel : opérateur de production, conducteur de ligne, opérateur en  conditionnement, chef d’atelier, responsable de production », décrit Marion Breteau. L’entreprise peine à trouver des profils avec une expérience sur des lignes industrielles de préférence en agroalimentaire, pour avoir conscience des normes d’hygiène et de qualité à respecter.

« Nous avons déjà été déçus par certains profils vraiment industriels, puisque nous recherchons des personnes très polyvalentes : gérer plusieurs machines, suivre l’approvisionnement de la chaîne, contrôler la qualité, réaliser la maintenance et le nettoyage… » explique l’associée. À défaut de trouver des personnes très spécialisées, Berry Graines priorise « les profils rigoureux, endurants, animés par les valeurs de l’entreprise de dimension familiale et sensibles à la production française et labélisée bio ».

— Amélie DI BELLA (Tribune Verte 3038)